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les radicaux libres
2 juin 2008

Tsering & Sanghu

chokiapMaintenant que vous allez lu le type d’éducation dans les livres scolaires, plus le fait que vous sachiez que le Népal vit d’aides internationales depuis 50 ans et qu’il reste toujours l’un des pays le plus pauvre d’Asie et donc que le sponsoring de l’éducation des enfants reste une importante nécessité, vous pouvez comprendre la blague de Tsering. Une fois que vous saisissez ce genre de cercle vicieux nourrit d’hypocrisie (les aides non-interventionnistes de l’ONU, la corruption des administrations népalaises et un peuple isolé), alors vous pouvez entendre la blague récurrente de mon ami Tsering Chokiap, prof de tibétain qui rêve d’Amérique, lorsque nous allons boire un thé ensemble : « Guillaume, tu me sponsorises ? ».

Le plus souvent c’est lui qui me sponsorise mon thé et ma brochette de pomme de terre aux piments et souvent je l’invite à goûter mes petits plats cuisinés.

Tsering vit dans une seule pièce avec salle de bain. Son immeuble étale le long des étages le même type de logement. Un coin pour les brûleurs et leur bouteille de gaz, le lit, une étagère, une télé et son lecteur DVD.

Un ami, lui propose un poste de traducteur dans un temple établi aux Etats-Unis. Tsering se lance donc dans les procédures administratives. Si sa demande d’accueil chez l’oncle Sam est rejetée, les 10 mois de paperasserie et de rêverie se commueront en 5 années ou il ne pourra pas refaire une telle demande.

En attendant nous mangeons des tingmos (boule de pain tibétain cuit à la vapeur) et des crêpes.

Samedi, Miss B. nous a fait une surprise, non seulement elle vient avec nous en escapade mais elle a dans ses sacs ses confections culinaires. La cerise sur le gâteau, elle nous fait prendre le bus : direction Sanghu.

Ce fut aussi un royaume de la vallée de Kathmandou à l’instar de Patan, Bhaktapur et KTM. Une bourgade et ses champs encerclés par les collines.

Alors que nous marchons avec son mari et 7 enfants sur une route bordée de vieilles sculptures colonisées phulari2par les arbres, puis que nous montons les innombrables marches, Miss B. m’explique qu’il était une fois le roi de Sanghu triste du fait de l’absence d’eau dans son royaume. A sa tristesse pour son peuple répondit Shiva dans un rêve : « Si tu veux que l’eau coule dans ton royaume jusqu'à la fin des temps, tu dois trouver l’être parfait qui vit dans ton royaume, la personne qui réunit les 12 signes de perfections (toujours d’actualité). Tu te devras de l’offrir en sacrifice. Une fois sa tête coupée, plus jamais l’eau ne cessera de couler.» Et donc le roi chercha cet être si précieux. Il chercha par monts et par vaux, mais personne ne correspondait à l’homme qui détenait toutes les caractéristiques de la perfection. Ce fut dans un moment de désespoir, alors qu’il se regardait dans un miroir, qu’il comprit. Il était, lui le roi, l’être salvateur qu’il recherchait. Il se fit raser les cheveux et ses prêtres l’habillèrent pour le sacrifice avant de demander au peuple qui aura l’honneur de couper la tête qui apportera l’eau nécessaire dans leurs champs. Ce fut naturellement le fils du roi qui fut choisi et qui accepta tout l’honneur qu’on lui transmettait. Le fils ne reconnut pas son père qui voulait avant tout le bien du peuple et donc, dans le temple, en haut de colline, il se fit décapiter par son fils. L’eau se mit à jaillir de nombreux endroits de la colline tandis que la tête du roi roulait sur ses flancs.

Depuis le village a quitté sa parure de royaume mais les népalais et tibétains viennent en pèlerinage ici. C’est le grand-père de miss B. qui lui avait raconté la légende et elle-même a déjà vu la grosse tête de pierre qui était gardée précieusement dans l’enceinte du temple.

Ce buste était placé dans une salle à part, une pièce pour lui seul, alors que je ne voyais rien et que miss B se préparait à montrer la preuve de la légende, sa propre tête montra sa déception. A la place du roi il y avait une tête de bouddha.

Conversion dans l’ombre ? Cheval de Troie ? Le garde est un Newari bouddhiste qui ne connais que la tête de Bouddha.

Plus bas il y a deux pagodes, toutes deux semblent hindous et le prêtre est allé dans l’une puis l’autre, mais l’autre serait bouddhiste, la seule marque de différence est une petite statue de bouddha plus récente que les autres sculpture, incrustée dans ses murs, dans une petite cavité au pied d’une porte… mais les monuments de pierre autour de cette pagode sont bouddhistes, mais dans son dos coule l’eau de la gorge de trois dragons, un singe buvant dans l’un d’elle. Les dragons de la source sont un symbole commun.

A l’étage au-dessus de la pièce dédiée à Bouddha, il y avait toujours la déesse Vajra Yogini, la mère de dieux hindous et aussi la source du Vajrayana, le véhicule de Diamant du Bouddhisme.

Confus ? Le Népal, pays de 46 ethnies, est un pays officiellement hindou qui fut bouddhiste. Au moment de la transition, tout ce qui était bouddhiste du prendre des teintes d’hindouisme. Nous sommes dans la région des collines. Au Nord, ce sont les montagnes où les népalais sont bouddhistes et au Sud, dans les plaines du Teraï, les népalais sont hindous. Les collines sont aux centres, Kathmandou, la capitale, est un autre centre, et donc les deux se mélangent sans heurts apparents.

A Swoyambunath, à l’Ouest de KTM, c’est l’inverse de Sanghu, les lieux sont beaucoup plus marqués par les traits du Bouddhisme, ce qui n’empêche pas les hindouistes de venir en pèlerinage.

Le Bouddha Manjushri, en ayant chassé les eaux, est le fondateur légendaire de la vallée, en tant que valeur populaire d’union il est lui-même devenu le fondateur du royaume hindou népalais dans le procès d’écrasement des Temps et la confusion des religions. Serait-ce que Shiva, Vishnu, Tara ou Avalokiteshvara sont les dieux de tout le monde ?

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