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les radicaux libres
1 octobre 2008

Tenzin Lundhup, moine du XXI siecle

Je suis maintenant a Delhi mais je continue avec mes rencontres a Bodh Gaya:

IMGP3746 Tenzin est un moine tibétain de la connaissance de Sanjay. Il le héla lorsque nous étions assis sur les marches au-dessus du marché. Tenzin Lundhup pointa du doigt avec plaisir mon T-shirt Save Tibet. Je lui montrais mes photos des manifs de Kathmandu, ce a quoi il répondut, ce n’est rien en comparaison de ce qui ce passe au Tibet. Je ne pouvais qu’acquiescer.
Tenzin est un grand moine, les yeux fatigues mais souvent un sourire parcours son visage. Un sourire aux apparences benêtes, je dirais plutôt un sourire métamorphosé entre une béatitude passée et une misère actuelle. Bodh Gaya, où chaque nation bouddhiste se fait un point d’honneur à avoir son monastère, ne se révèle pas une ville d’accueil pour l’homme dans le besoin. Tenzin est arrivé ici, parce que deux ans auparavant, à Kathmandou, un homme lui dit qu’il devrait se rendre à Bodh Gaya en raison du nombre de monastères. Mais sans un sou et sans papiers Tenzin se vit fermer les portes au nez, pour ces motifs.

Toutefois, une fois sur place il tient toujours à rester, dans un tel contexte l’expression « prendre refuge » acquiert tout son sens. Un moine, dans l’enceinte du Mahaboddhi, l’avait sermonne car il mendiait. Le prétexte de l’homme pas content étant qu’il y avait déjà assez d’indiens à mendier à l’extérieur, et donc il n’y avait pas besoin de se voir embêter aussi dans le lieu sacré… les pèlerins ne révèlent guere plus genereux avec le pauvre moine (ils font des donations aux différents monastères visites) et sans amis à Bodh Gaya, Tenzin partage ses biscuits avec les chiens errant… ce qui lui vaut aussi des réprimandes. Apres cette première discussion, le sujet tourne sur sa vie au Tibet.

Toute sa vie il n’a été que moine a Lhasa. Orphelin de père et affecte par la perte d’une sœur, aussi dans les ordres. Ses deux êtres proches ont été victime de la cruauté de l’occupant chinois. Il ajouta que sa sœur mourut sous la torture, en prison, ses os brisés. Toutefois, Tenzin décida qu’il lui fallait rentrer en contact avec ces visiteurs occidentaux qui arpentent les rues de sa ville. Il apprit donc l’anglais en plus de ses activités nocturnes de colleur de samizdats bouddhistes. Il rencontra une journaliste américaine qui resta un certain temps au Tibet. Il lui fit visiter des parties interdites de la ville et du Tibet. Pour le remercier Mrs Joy lui offrit deux cassettes sur le Dalai Lama.
Un précieux cadeau pour le moine mais aussi un cadeau empoisonne sachant que celui-ci est considéré comme de la propagande séparatiste. Il avait donc cache ceci avec ses livres séparatistes sur le Dalai Lama et son message de paix. Mais devant la rareté d’un matériel béni et du fait de murs munis d’oreilles, Tenzin accepta de montrer les films.
A ce moment je voyais Tenzin Chokyap à Kathmandou qui regarde en liberté des vidéos du Dalai Lama avec une très grande révérence, buvant les paroles du Saint. (je traduis ainsi le paradoxe tibétain qui appelle dieu, dans un contexte religieux qui ne reconnait pas de dieu autrement que telle une illusion) Je voyais aussi la suite de l’histoire.
Mais à ce moment le moine me brisa en me raconta dans le détail, les faits de son arrestations, son éthique, sa souffrance et son humiliation qu’il mettait entre parenthèses face aux insultes directes des soldats chinois envers son leader spirituel. Nous étions à ce moment assis tout assis dans la pénombre d’un coin de jardin du Mahaboddhi. Un ciel sans lune baigné des prières en sri lankais sous un manteau de chaleur tropicale qui n’empêcha un soudain blizzard causé par le récit du moine.

L’arrestation s’était passée en 2003. Deux ans plus tard un geôlier lui dit que pour 5000 il pourrait l’aider à s’évader. C’est une grand-mère tibétaine qui travaillait dans la prison qui lui trouva l’argent. C’était un an avant la fin de sa peine. Ils s’évadèrent à trois mais l’un deux se cassa une jambe. Aucun des deux autres ne voulant abandonnant leur ami, ils tirèrent à la courte paille celui qui continuera le chemin vers l’Inde. C’est Tenzin qui resta avec le blessé, le mit à l’abri et rejoins une mère qui pleura à l’idée de perdre encore un être cher. Elle le somma donc de fuir aussi vers l’Inde. Une aventure périlleuse où il ne se déplaça que la nuit. Et une fois à la frontière avec le Népal, les soldats népalais le dépossédèrent de tous ces biens et papiers.

A l’évidence il aurait du se rendre à Dharamsala ou Darjeeling mais il préférait ne plus bouger, rester la où un homme ayant renoncé sa vie de prince devint Buddha. Tenzin appartenait à un monastère de Lhasa qui avait migré dans le sud de l’Inde, hors son compagnon d’évasion avait rejoint cette destination et avait promis qu’il viendrait chercher Tenzin dans 6 mois. Et donc il attend, entre ses prières devant le bodhi tree et sa chambre impayée depuis trois mois.

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Commentaires
A
Bonjour mon ami heureux de lire ces quelques lignes temoins de ta formes et surtout signe que ton voyage en inde se passse bien malgré pour nous pauvres occidentaux gréffés à internet une absence de nouvelles près d'un mois! A bientôt mon ami si tu as des nouvelles pour ton projet d'hebergement des enfants où ton arrivée en France fais moi signe!!<br /> Prends soin de toi<br /> arno
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