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les radicaux libres
1 octobre 2008

promenade dans la campagne sacree du Bihar

tenzinLe lendemain de notre rencontre avec Tenzin nous nous sommes promenés tous deux dans la campagne de Bodh Gaya. Nous traversâmes à pied une rivière. L’eau ne nous arriva pas plus qu’a mi-cuisse.
Sous le soleil déjà chaud, l’eau nous rafraichit. Mon moine guide était muni d’un parapluie à vocation d’ombrelle. De l’autre côté nos étions toujours sur le chemin de pèlerinage. Ici Buddha avait fait ci et là telle personne devenue sainte avait aidé le futur Buddha. Ainsi nous arrivâmes à Sujata, du nom de la jeune femme qui offrit du yaourt à Siddharta. Un moment important, car cela rompait les 6 années de sévères austérités de l’ermite, le fâcha avec ses 5 compagnons de jeûne mais l’amena sur la Voie du Milieu. Dans le petit il y avait une pagode et une pyramide de brique  où, sur son sommet plat, trônait un arbre.
Il était dix heures, sous l’ombre de cet arbre nous pouvions voir une ligne de collines émergeant brutalement de terre. Cela ne paraissait pas très loin et Tenzin disant que là-bas il y avait une grotte très visitées, nous nous y dirigions.
Apres avoir croisé des champs de riz, de maïs, de ladyfingers et de piments, nous avons traversé une autre rivière qui se révéla une large branche de la rivière précédente. De ce côté les buffles se baignaient, immobiles, se cachant des rayons du soleil qui tapait de plus en plus fort.
Nous avions croisé deux ou trois collégiens qui se rendaient à Bodh Gaya ainsi que des hommes, des bidons de lait sur la tête. Alors quand le petit magasin de sucrerie et samossas nous dit que nous ne pouvions avoir de lait dans notre thé, mes sourcils se haussèrent ostensiblement.
gaya04Assis nous observions des maisons basses aux murs de terre, les flancs crottes, c'est-à-dire que devant la pénurie de bois, les habitants faisaient sécher les bouses sur les murs ensoleillés. C’est d’ailleurs ainsi que chauffait notre thé. Je goûtais une sucrerie, mais elle n’avait que le goût du sucre. Décidément les indiens ont la main trop généreuse en tout ! Trop de sel, trop d’épices, trop d’huile, trop de sucre.
Le grand propriétaire du quartier vint nous tenir compagnie. L’échoppe était la sienne. Il avait un portable dernier cri. Tout ça grâce à son salaire de 15 000 roupies (1 euro = 60 roupies) par mois en tant que mécanicien chez Honda à Gaya.  Beau tableau sauf que son fils de quatre ans avait un gros bide… l’argent c’est bien mais une éducation sensée c’est indispensable ! D’ailleurs  deux autres enfants portent les signes d’une malnutrition fondée sur l’habitude et l’absence d’éducation correcte. Nous sommes au Bihar, l’un des états indiens les plus corrompus, touché par le banditisme de grand chemin et les naxalites. Un état qui s’est vu séparé d’un territoire qui possède la plupart des richesses du sous-sol, le nouvel état du Jarkhand.
Dans ce village et le suivant, tout en longueur, les femmes fument la pipe et les hommes boivent un alcool fait de la noix de palmiers omniprésents. Dans le second village les enfants accueillent Tenzin du nom de Bouti (= tibétain) et moi par Païsa (= argent) ou chocolate, qui désigne toute sorte de sucrerie. Ce village aux mêmes maisons prend des allures plus pauvre, pour sa situation sous les arbres et plus éloignée des champs, et surtout la presence de beaucoup d’enfants laissés à eux-mêmes à l’heure de l’école.

dunga14Vers le bout du village, nous trouvions une école au grand format où les élèves sortaient avec leur grand vélo. C’est une école construite et sponsorisée par la Corée. Elle est aussi composée d’un hôpital.
En face de celle-ci, des jeunes jouent au cricket avec un professeur derrière lequel une route en bitume s’élève vers le milieu de la colline. Et un peu plus haut on peut voir un petit temple blanc écrasé par une haute falaise.
Les marchands du temple se montrèrent agaçants, mettant leur marchandise sur ma poitrine et gonflant des prix pourtant imprimés sur les paquets – mauvaise foi sur le chemin de la foi... un autre vend des bougies car on ne voit rien dans la grotte… dit-il. De toute façon tel est leur comportement que je ne leur aurais rien acheté. Un simple sourire c’est gratuit et un sourire affable ça se paie.

Le moine du temple de Dungasiri, nom des lieux, était heureux de revoir Tenzin et nous offrit thé et biscuits, trois paquets de biscuits aux ingrédients listés en Sri Lankais. L’endroit paraissait très calme, entouré d’arbres qui fournissent l’ingrédient principal du thé dans nos tasses. De nos bancs sur la terrasse nous avons une vue dégagée sur la vallée, pouvant apercevoir la pagode de Bodh Gaya ainsi que Gaya à l’aval. A nos arrières se dressait un mur de pierre où deux jeunes arbres s’accrochaient. Après des escaliers centraux nous sommes entrés dans une salle de prières révélant derrière un rideau et une baie vitrée la divinité Mahakhala. Il y avait aussi une autre pièce où des objets de cultes s’exhibaient dans une grande armoire aux portes-fenêtres et sur le côté la photo du Dalai Lama trônaient sous un kata immaculé. A l’opposé de cette salle, en montant un autre escalier nous arrivions sur une autre terrasse cernée par la roche au fond de laquelle une autre pièce abritait une grande statue de Buddha, mais surtout, sur la gauche, un porte s’ouvre sur la grotte où l’ex prince Siddharta, selon la tradition Hinayana, médita six années durant. Au fond de la grotte sombre,  une statue du Bikshu (ou Arahat, saint proche de l’Eveil) représente l’ex-prince au corps squelettique en position de méditation. Selon la légende, Siddharta n’aurait bu qu’une goutte d’eau par jour pour tout repas durant ces 6 années. Mais pour les locaux, des hindous, c’est la grotte Makhala ou ils viennent toujours prier et donner des offrandes de fruits et d’encens. Pour le Mahayana aussi c’est la grotte Mahakhala car un important religieux Gelugpa en méditation ici, visionna le dieu comme la divinité protectrice de sa secte.

dunga5Le moine qui nous accueillit s’appelle Lobsang Ngodup Lama. Il est parti du Tibet quand il avait 20 ans. C’était il y a 20 ans. Il m’indiqua en tibétain traduit par Tenzin qu’il mettait possible de rester ici. Lobsang marquait sa présence de sa corpulence issue du Kham et d’une voie aux vifs éclats de rire.

Nous retournions sur Bodh Gaya en tempo avec Carlos, un portugais qui se dit moitie bouddhiste, qui nous paie le transport abusif du conducteur. Ensemble nous allons au temple japonais ou c’est l’heure de méditation. Les lignes et courbes de l’art japonais invitent a ce genre d’exercice et opèrent un charme certain sur ma conscience. Le son du bol de prière utilise comme une percussion ajoute à l’atmosphère de paix. Dans la salle on peut voir les personnes habituées et celles qui sont venues en amateurs, secouant leurs jambes endolories.
Au soir nous mangerons tous ensemble, Tenzin, Sanjay et Carlos, au restaurant tibétain. Carlos est un dramaturge qui vient en Inde pour échapper au stress et aux montées de folies de l’Europe. Dans deux jours il partira en retraite au nord de Lucknow. Il nous parla aussi de son expérience à Auroville, un ashram expérimental non loin de Pondichéry. Là-bas une communauté internationale vit ensemble selon des règles d’athéisme éclairé (a l’image de Carlos), tentent différentes formes d’agriculture bio, y compris la symbiose avec les mauvaises herbes (qui a le meilleur rendement), et une organisation sociale aux décisions prisent en groupe et qui doivent être unanimes.

Je décidai de rester une semaine à Dungasiri avec Lobsang, gardien de la grotte Mahakhala.

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