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les radicaux libres
6 octobre 2008

Dungasiri, la grotte de Mahakhala et son moine

C comme si par nostalgie je restais dans un entourage tibetain.
10 jours je suis reste avec Lobsang Ngodup Lama.
La premiere soiree, nous etions quatre. Trois tibetains des trois provinces du Tibet, Amdo, Kham et U-Tsang. Sous la serenite des lieux mais aussi sous la chaleur tropicale ou meme le soir les corps preferes le moins d'habits possible, y compris le moine, ils parlerent du pays.
A flanc de colline rocailleuse, la ou poussent les palmiers et ou s'ebattent les perroquets bleus, trois hommes attendent. A les ecouter parler l'exil devenait materiel.
L'homme de l'U-Tsang est un fils de nomade, orphelin de pere. Sa mere l'a amene a Dharamsala pour qu'il puisse etudier mais a 18 ans degoute de n'avoir de contact avec son sponsor (la-bas c un systeme collectif) et posseder par l'injustice que subit les siens, il prit le chemin de l'armee. L'armee indienne il s'entend. Il apprit la guerilla et fut envoyer dans le laddhak a la frontiere avec la Chine.
Les nuits etaient froides et longues alors les soldats etaient heureux de profiter de la generosite de l'etat a leur egard, a savoir des coupons pour l'alcool et deux verres gratuits tous les soirs. Et donc Tenzin, c'est son nom, a eu des soucis d'alcool, chose courante chez les anciens soldats.
La nuit les troupes indiennes surveillent une frontiere que les chinois parfois traversent... car ils chassent le kyang, l'ane sauvage tibetain qui s'est refugie en Inde ou personne n'aurait l'idee de le manger.
L'homme de l'Amdo s'occupe d'un magasin a Dharamsala. Il est ici pour echapper a la mousson trop genereuse qui sevit la-bas.. et aussi pour s'eloigner de l'ambiance politique. Il parait blase par les manifs.

Lobsang est heureux. Tout les matins nous faisons un peu d'anglais. Il fait son mauvais eleve, dit qu'il a une memoire peu fiable. Toutefois il retient quelques trucs.
Lobsang est un moine cool. Il ne met le haut de son vetement de lama que lorsque les visiteurs arrivent. Il s'occupe de ses fleurs, blague, ecoute radio free asia qui emet des programmes en Tibetains parasites par une mauvaise musique chinoise... l'invasion, encore et toujours.

Les visiteurs se sont des centaines de sri lankais qui arrivent d'un coup, a qui il offre le the tandis qu'ils lui offrent de menus dons. Ainsi je decouvre derriere les murs, des bidons 20L de biscuits, d'encens, une malle enorme remplie a ras bord de savons! impressionant. Les pelerins vont prier a la grotte puis repartent.
Parfois c un touriste ou deux qui passent avec leur guide. Cela recoivent un accueil neutre. Souvent ils passent sous son nez en l'ignorant.
Et d'autre fois, des indiens viennent et recoivent un accueil tres froid fait de remontrance. Les indiens sont indiscipline et impolis et en plus certains d'entre eux ont des tendances a prendre ce qu'il y a dans les armoires. Bref, Lobsang joue son role de gardien. D'ailleurs il a la corpulence pour. Plus grand que la plupart des indiens, plus massif aussi, il s'est se montre tres inamicale si l'on ne sait que c un jeu pour lui, avec son physique qui evoque plus les guerriers de Gengis Khan que ceux d'un moine bouddhiste. Mais c'est ainsi, Lobsang vient du Kham ou l'on est grand et costaud, un peuple de guerrier qui a toujours aux avant-postes face aux invasions ainsi que lors des revoltes des 50 derniers annees.
Ainsi Lobsang ne semble pas supporter l'idee d'autonomie, ce qu'il veut c'est l'independance. Ne plus rien avoir avec ce pouvoir chinois qui a laisse des traces de sang dans toutes les familles.
Ce qui n'empeche qu'il aime rire. Il aime aussi etre pris en photo et c'est de la sorte que j'ai decouvert qu'il a des cils qui lui donnent des yeux de petite fille!

Etre avec un moine khampa dans les rues de Gaya comportent ses avantages. Nous y sommes alle plusieurs fois en moto. Hors sa corpulence et sa robe intriguent le regards des indiens qui donc ne me voient pas a ses cotes. Lorsqu'il prend sa moto, il met un foulard orange sur son crane et des lunettes de soleil. Ainsi il evoque le moine autant que le biker!
Avec sa gouaille et son mepris des indiens tournes vers l'argent a en etre malade, nous sommes entres dans le temple de Vishnu a Gaya ou a l'entree il est indique que les non-hindu ne peuvent entrer.
En face, sur la place les marchands voulaient vendre des fleurs pour les offrandes, et veulent meme de l'argent our garder nos chausses.
A l'interieur un garde nous accueillit avec le sourire et deux tetes de moins que Lobsang. Il ecouta gentiment les remontrances du moine sur ces faux devots qui ne prechent que par l'argent. A l'interieure d'une pagode impressionante, des fideles s'etalaient sur le sol vers une pierre dans un trou, lui offrant des petales de fleurs. Le pretre qui supervise et benit les fideles, ne trouva rien non plus a dire a notre presence (ajoutons que la tendance absorbatrice de l'hinduisme fait que les indiens l'appelle souvent guruji, guru vous connaissez et ji est une marque de deference et respect) par contre il n'est pas content que l'on offre pas de fleurs. Sur quoi mon guide lui fait remarquer qu'il ne pratique pas de la meme maniere la religion.
L'interieur du temple est construit comme une mini-cite ou certainement les notables de la region se rencontraient pour faire la politique de l'etat. Sous une autre pagode, les ventilateurs sont en marche et les fideles somnolent.
Nous empruntant un couloir raffraichissant qui nous amene sur le ghat, les marches qui menent a la riviere ou des femmes sont occupees a leurs ablutions. Le Ghat est grand et profite de l'ombre du temple. Un arbre trone au milieu de la place et un vache meugle. La saintete indienne. Des enfants jouent au cricket et les hommes ici aussi somnolent.
Je croyait que nous partions de Gaya. J'etais gagne par la torpeur indienne. J'entendais des pleurs sur ma droite quand nous descendimes de moto apres 5 minutes. Je vis aussi le bois. mais je ne realisais pas ou nous nous trouvions jusqu'au moment ou nous faisions face aux buchers. Lobsang se mit a prier. Et moi, reveille, me trouvait toucher par les pleurs de la veuve.

Les jours suivant, avec sa voix tibetaine qui ne peux reproduire tous les sons anglais, il se montra fier a pouvoir parler quatre phrases de plus avec ses visiteurs.
Mais je sentais de la tristesse dans sa voix, surtout lorsqu'il ecoutait les ondes apportees par le vent.
Et ensuite il faisait l'imbecile devant l'appareil photo, puis riait devant les cliches, demontrant son auto-derisions.
Puis vint le jour de se dire au revoir. Pas de quoi pleurer bien sur. Mais il y avait comme un pincement au coeur. Il semblait meme plus toucher que moi. Il m'offrit le the sur la route et me deposa sur la route des tempos en direction de Bodh Gaya ou j'avais laisse mon sac.
Si vous voulez passe un peu de temps avec Lobsang, ce moine hors du commun, pas de soucis. Il sera tres heureux de vous rencontrer :)

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