Retour attendri a Pokhara

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L'apres-midi, apres la consultation avec le Dr, j'etais avec Li a Pokhara.

Une station balneaire en bord de lac (Phewa lake), point de depart des treks vers l'Annapurna (pour ceux qui ne se souviennent plus que je suis deja passe par la.

J'etais revenu de trek avec Joanna et j'avai fort peu apprecie Pokhara et son Lake Side, des boutiques, des restos et des guests houses uniquement pour les touristes. Rien de tres depaysants. Vevey aussi c tres bien!

Mais cette fois-ci je ne suis plus avec Joanna mais avec Li, qui est ici pour la relaxation, loin du bruit infernal de la capitale, ce sont les vagues plates et silencieuses du lac qui accueillent le visiteur.... et la musique trop forte des restaurants, clubs et magasins de musiques, tous sans vitrine, sans porte. Mais les deux permieres nuits nous avons dormi au bout du lac (Dam Side), avec vue sur la chaine de montagne, sur l'etendue paisible d'eau, sur une ile tropicalement boisee qui abriterait des bandits de grands chemins...

De ce cote, c'est un peu plus delabre. La premiere chambre visitee sentait fortement le renferme par exemple, et dans notre salle de bain nous nous sommes fait visite par une blatte. C malheureux, le petit energumene c fait coince dans ma trousse de toilette, sinon nous n'aurions vu ce detail.

Pour etre fair-play avec cet hotel et le Nepal. Si vous allez a Covent Garden manger dans l'un des restaurants, il y a de forte chance que des rats circulent dans la cave et aussi les cancrelats dans la cuisine... et l'addition est beaucoup plus chere.

Je disais, je voyage avec Li qui vient se relaxer, et surtout aider une famille. C'est au mois d'Aout dernier que sa conscience s'est arretee sur deux petites filles en train de mendier les clients des restaurants du Lake Side, il etait 11 heures du soir. A  Pokhara il y a peu d'enfants dans les rues, et encore moins des filles. En comparaison a Kathmandou il y a beaucoup de gamins des rues mais pas de filles! Donc Li, pas encore 50 ans, qui vient au Nepal depuis sa jeunesse, avait note ce detail. Elle avait achete des vetements, des chaussures et de la nourriture pour un mois. Et c'est seulement pour le 1er Avril qu'elle les retrouve. Toujours sales, toujours sans chaussures, toujours a mendie dans la nuit... mais cette fois avec leur frere.

Lorsqu'ils voient Li, c'est la fete, et j'ai aussi le droit aux bisous. On va leur acheter des biscuits et en velo on va tous chez eux. Il est 21:30. Sur la route la petite Sundara de 8 ans, sur mon velo, me parle d'un pere qui tape (je comprends "niquer" aussi) et qui s'est barre avec une autre femme qu'il avait marie. Il a ainsi laisse son autre femme, Mitou, seule a la charge de 5 enfants et un salaire de 1000 NRs (meme pas le prix du gaz). Quand il est parti le 5eme enfant n'etait pas encore arrive.

Lorsque nous arrivames chez eux, une piece sombre dont les 3/4 sont occupes par le lit, le bebe de trois mois tetait. C'etait Tara la petite soeur de 7 ans qui nous tira part la main pour entrer. Il y avait aussi Laxmi a la maison, 15 ans, qui parle mieux l'anglais.

Le lendemain nous passerons a l'epicier pour renflouer les stocks et les joues de la familles.

Les gamines sont tout le temps dehors, d'autant plus qu'il n'y plus ecole, c'est la fin d'annee scolaire et aussi du calendrier nepalais... et de toute facon les ecoles sont fermees pour les elections... et les frontieres. et les magasins a partir du 7, dit-on.

Laxman va dans un centre d'enfance... pas tout compris a cette histoire. Ces soeurs y vont de temps en temps. Toute la journee elles vadrouillent le long du lac. Un proprio de restau a offert une paire de tongue a l'une d'elles. Les nepalais en general se montrent protecteurs envers les enfants (ce qui n'empeche pas le rapt!). Ils se montrent concerner, montrent que la vie d'un enfant a beaucoup de valeur a leurs yeux... mais le karma est plus fort! Education ou Ventre il faudra choisir.

Pour autant les enfants ne se montrerent pas mal eleves, se tinrent bien a table, mirent leurs papiers a la poubelle. Et ils sourient, jouent et emportent dans leur gaiete. Toutefois peut-etre pour eux ils vivent la boheme avec les subsides des uns et des autres, mais la petite Tara a un caractere qui montre que la rue travaille son esprit. La rue n'a jamais ete innocente pour ceux qui doivent y rester, meme a Pokhara.

Nous avons rencontre d'autres personnes aussi, et ce fut agreable. Mais c'est l'image de Sundara a nos cote au restaurant qui me marque le plus. enfoncee dans un fauteuil trop grand, la penombre donnant des proprietes diaphanes a sa peau mate. Elle etait comme chez elle, elle sirotait son chocolat chaud, connaissait le patron et les serveurs. Toujours de bonne humeur. Prete a sauter au coup pour un bisou. Puis elle chanta ce qu'elle avait appris a l'ecole (ainsi qu'il faut manger des legumes et des fruits).

Il y a mystere. C'est celui que les voyageurs apercoivent, le "sourire du pauvre" qu'ils comparent a la gueule deprimee des "riches".

C pas une lecon de bonheur. Ils cachent les larmes, ils se satisfont de peu. Le mystere est dans l'energie de l'enfant qui a passe sa journee dehors a courir, qui a froid au soir, et qui ne peut avaler que deux parts de pizza et nous donne le reste tres volontiers.

Elle ne capitalise pas, elle donne. Sans arret elle donne. Elle va voir les gens, elle coupe en deux le biscuit offert pour donner a un petit garcon qu'elle ne connait pas, une gosse d'une autre "classe"... sociale, j'entends. Elle fait apparaitre les sourires sur les visages, pas de compassion, mais sa simple nature.

Et c'est parce que la maitresse lui a appris a partage, a respecter l'environnement, que l'etranger est une richesse du Nepal.

Il est la le secret que je partage avec vous... comment l'adulte peut renier avec tant de serieux et de logorrhees ces lecons qu'il eut aussi aux US ou en France (sauf au sujet de l’etranger !). De simples lecons de bon sens.

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